Le Perche: son bocage, son Percheron, son cidre et son Rumex

Retour d'une semaine de chantier dans le Perche pour débarrasser la Maison du Parc de ses disgracieux rumex qui en plus d'être moches ont le désavantage d'être de peu d'intérêt alimentaire pour les animaux: en clair, ils le mangent pas. Enfin ça c'est ce qu'on nous a dit au début parce qu'en fait les moutons eux le mangent. Une raison de plus de les aimer.

Armés de houes et autres bêches, nous attaquâmes courageusement le rumex, aussi appelé oseille sauvage ou petite oseille, avec pour mission d'enlever au moins 10 cm de racine. C'était sans compter sur la taille démesurée des bestiaux et le manque d'information pris par le gestionnaire. Durant la semaine, de nombreux agriculteurs sont passés, pour assister à des conférences organisées par le parc, en nous posant systématiquement la même question "Mais qu'est-ce que vous faîtes?" aussitôt suivie d'un "Mais c'est pas le bon outil!" puis d'un "De toutes façons ça sert à rien, ça va repousser."

Hum. De toute évidence les chargés de mission n'ont pas bien fait leurs devoirs mais plus dommage encore, n'ont pas pensé à consulter les experts qu'ils avaient sur place, cad les agriculteurs locaux. Effectivement, certaines anciennes pratiques ne sont pas les plus adaptées, mais quand elles n'ont aucun impact nocif sur l'environnement, ça vaut peut-être le coup de les conserver non? Et puis des fois il y a un peu de vrai dans "on ne change pas une équipe qui gagne".

Vers la fin de la semaine, une pile de rumex arrachés de plus en plus élevée grâce à nos efforts acharnés et notre fidélité presque sans faille envers le gestionnaire, nous avons la joie de participer à une visite naturaliste du parc, véritable carotte du chantier. Cette fois-ci, on nous explique que les épicéas centenaires qui entourent la bergerie vont être arrachés parce qu'ils ne sont pas représentatifs du patrimoine du Perche.

Hum hum. Plus je participe à ces chantiers et plus je me rends compte que la nature pratiquée par les Parcs Régionaux, enfin ceux avec lesquels j'ai travaillé, est une nature choisie par l'homme. Nous ne sommes pas là pour rétablir un équilibre écologique mais pour mettre en place celui choisi par les gestionnaires parce qu'il contient tel petit oiseau qu'ils affectionnent particulièrement ou tel arbre qui fera bien dans la vitrine du Parc. C'est ça l'écologie? Je suis la plus naïve de la bande à ne pas m'en être rendue compte plus tôt?

Malgré tout, les chantiers me permettent de prendre l'air, de rencontrer des gens qui ont les même intérêts que moi, de découvrir une région magnifique à 1h30 de Paris. Alors je vais continuer d'y aller pour voir un peu de vert, d'autant plus important quand on vit dans une ville aussi minérale que Lille, mais je vais peut-être y perdre un peu de mon innocence.